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de pierres sèches, étaient groupées au pied de hauts rochers qui, en cet endroit, bordent la vallée de la Vézère. Çà et là, dans les cours et le long des chemins, de vieux noyers les ombrageaient. Une petite chapelle, celle de l’ancien prieuré, les dominait de son clocher minuscule où tintait une cloche fêlée, le jour où le curé de la paroisse voisine y venait biner. Du côté des rochers, un petit ruisseau descendait dans la vallée, — « das la rivière », pour parler comme les gens du pays, — par une énorme brèche taillée à pic. Le village, abrité du nord par ces escarpements calcaires où se trouvent des grottes préhistoriques, se chauffait paisiblement au soleil de l’été de la Saint-Martin. Des volées de choucas tournoyaient autour des rochers avec des cris incessants. L’odeur du regain coupé embaumait l’air et on entendait, tout près, la rivière bouillonner dans son lit rocheux.

Damase, guidant la bourrique, entra dans une cour, et, aussitôt, une vieille personne vint descendre de sa monture Mlle  de La Ralphie : c’était « la sœur ».

On l’appelait ainsi, quoiqu’elle n’appartînt à aucun ordre religieux ; mais son costume justifiait cette appellation. Une robe noire, unie, sur laquelle pendait un chapelet d’une belle dimension, en ce temps où ceux de Lourdes étaient inconnus ; une pèlerine de même étoffe et un étroit bonnet blanc recouvert de tulle noir, qui cachait entièrement ses cheveux, lui donnaient l’aspect d’une vieille béguine. Cette personne était la sœur d’un curé des environs qui, son frère étant mort, s’était établie au Prieuré où elle faisait la classe à quelques enfants des bonnes familles du voisinage.

Ayant attaché la bourrique dans une étable, côté de la chèvre de la sœur, Damase entra dans la cuisine, entr’ouvrit doucement la porte de la chambre