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n’était-ce pas là, précisément, la mission sublime du prêtre ? Porter la lumière dans les âmes obscurcies par les passions terrestres, encourager et soutenir ces pauvres femmes empêtrées dans les vanités du siècle ; ramener ces chères brebis au bercail de l’Église, et, à l’exemple de Notre-Seigneur, les rapporter sur ses épaules, les défendre contre les loups ravissants… Encore une fois, n’était-ce pas le devoir le plus saint, le plus cher, le plus pressant de tout. prêtre successeur de Jésus-Christ ? Et lui, le plus humble serviteur du Divin Maître, il ne faiblirait pas à ce devoir…

Et l’abbé continua, enfilant, pour cacher le trouble qui l’envahissait, ces métaphores pieuses, ces lieux communs dévots, appris au séminaire. Il parla de saint François de Sales, de Bossuet, de Fénelon, du Père de Ravignan et d’autres conducteurs d’âmes féminines encore. Il soupçonnait bien qu’il y avait peut-être une dangereuse équivoque dans les paroles de Mlle de La Ralphie, mais il n’avait pas le courage de la dissiper et il cherchait à se faire illusion en discourant sur les pieuses amitiés de ces hommes célèbres. Mais, à un moment, elle l’arrêta et tourna vers lui ses yeux pleins de flamme…

— Alors, vous voulez bien être mon guide ?… mon ami… spirituel ? dit-elle d’une voix où tremblait la passion, en posant légèrement sa main pleine de fossettes sur la manche de l’abbé.

Une vive émotion secoua le vicaire, mais il se leva promptement pour se soustraire au charme fascinateur de son interlocutrice.

— Certes, répondit-il, je serai bien heureux que Dieu veuille faire de son humble serviteur l’intermédiaire de réconciliation avec lui.

Comme il se disposait à partir, elle voulut le re-