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cule à Apollon, quoiqu’elles les fassent souvent alterner : ainsi faisait Catherine la Grande.

Pendant les huit jours qui s’étaient écoulés depuis la visite de l’abbé Sagnol, Valérie avait fortement « cristallisé » pour lui, comme eût dit Stendhal ; aussi, lorsqu’il fut rendu à Guersac, il la trouva gracieuse, accueillante, et, dans sa bonne grosse innocence, il se réjouit intérieurement de ces dispositions qu’il prenait pour un effet de ses exhortations, ce qui lui faisait bien augurer du succès de son entreprise. Cela le mit à l’aise et lui fit perdre l’air gauche et guindé de sa première visite. Après les compliments de l’arrivée et un moment de repos dans le salon, dont la large porte ouverte donnait sur la terrasse, l’abbé parla de la belle vue qu’on devait avoir de là ; et ils sortirent.

De l’autre côté de la rivière, à l’extrémité de la plaine, les coteaux pierreux du Périgord noir, tristes et mornes l’hiver, maintenant reverdis, s’étageaient jusqu’aux lignes de faîte des vallées de la Vézère et de la Dordogne, couverts de chênes à tan, de taillis et de vieux bois de châtaigniers. Çà et là, sur un petit plateau, un village montrait ses maisons grises, ombragées de noyers, et ses jardins clos de murs de pierres sèches. Ailleurs, sur un puy abrupt, détaché du massif, pointait la poivrière d’une vieille gentilhommière aux murailles roussies par le soleil, où fumait la cuisine du bourgeois ou du riche paysan qui avait remplacé le hobereau de jadis.

Au pied des rochers que surplombait la terrasse, à une profondeur fascinante, la Vézère roulait paisiblement ses eaux profondes et obscurcies par l’ombre des rochers. De l’autre côté, jusqu’au pied des premiers coteaux, après les prairies de la rive, la plaine s’étendait couverte de blés encore en herbe