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les mains jointes, le tête inclinée, les yeux fixés sur la terre qui recouvrait celui qui l’avait tant aimée, pleine de révoltes intérieures contre le destin stupide qui lui enlevait l’amant qu’elle voulait reconquérir.

Lorsqu’elle releva la tête, le vieux soldat, qui s’était un peu écarté revint :

— Il faudrait, dit-elle, arranger une tombe durable.

Dès le soir, La Douceur, toujours débrouillard, avait trouvé un troupier tailleur de pierre de son état. De la carrière où avaient été pris les matériaux de la redoute, on tira un bloc massif qui fut taillé comme une longue dalle et couché sur la fosse. L’inscription de la croix fut reproduite sur la pierre dans son éloquente simplicité. Tout fut promptement fait, et, après une dernière visite au cimetière, Mlle  de La Ralphie repartit pour Oran avec l’escorte du convoi.

Quelques jours après, elle s’embarquait à la Marine, emportant tous les objets qui avaient appartenu à Damase et emmenant « Kébir » que conduisait La Douceur.