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Les mauvaises nouvelles sont rarement fausses. L’Écho de Vésone annonçait celle-ci dans ces termes :


« Nous avons le regret d’apprendre à nos lecteurs la mort d’un de nos compatriotes, le sous-lieutenant Vital, du 2e chasseurs d’Afrique, dont les brillants faits d’armes ont été plus d’une fois relatés à cette même place. Ce vaillant soldat a été tué dans une escarmouche sans importance, sur l’oued Rouban. L’armée perd en lui un officier d’avenir et nous un compatriote qui faisait grand honneur à notre Périgord. »


Le lendemain, Valérie était encore au lit, la fièvre dans les veines, lorsque la Martille lui apporta une lettre. Sur la large enveloppe, elle vit le timbre d’Oran et se hâta de l’ouvrir. Le colonel du régiment lui envoyait la copie d’un écrit en forme de testament par lequel le sous-lieutenant Vital léguait son cheval, ses armes et ses livres à Gérard de La Ralphie, de Guersac, près Fontagnac. Par ce même papier, l’officier laissait l’entier héritage venant du défunt Latheulade à sa sœur de lait, la Faurille.

Elle se leva et prit des dispositions pour le départ. Dans la douleur, comme dans l’amour, sa nature tendait à la réalisation concrète de ses sentiments : il lui tardait de se rapprocher du lieu où Damase dormait son dernier sommeil, de toucher la terre qui le recouvrait. Trois jours après, elle se mettait en route avec la Martille, emportant, pour le colonel, une lettre que le commandeur avait été demander au vieux général de Marteyrac, dont cet officier avait été l’aide de camp.

Ce fut un triste voyage. À mesure qu’elle approchait du but, l’horreur de la réalité lui apparaissait