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et de son amour, qu’il n’aurait jamais renoncé à Valérie, morte pour lui maintenant, comme l’autre. Non pas qu’il eût cessé de l’aimer ; il l’aimait toujours, il la désirait avec toute l’ardeur de son cœur et de sa jeunesse ; mais, de même que sa maîtresse faisait fléchir son amour devant l’orgueil de race, lui s’arrêtait devant le soin de sa dignité et l’estime de soi-même.

De ces deux amants, séparés par leur volonté réciproque, celui qui supportait le plus impatiemment cette situation, c’était Valérie. Damase, lui, quelque profonde que fût sa passion, la dominait par le sentiment du devoir moral et l’énergie de sa volonté aidés d’ailleurs par l’activité de sa vie. Mlle  de La Ralphie fut d’abord distraite par sa maternité et par son idolâtrie pour le petit Gérard. Elle éprouvait bien cette tendresse infinie des jeunes mères qui, dans sa première expansion, fait quelque peu tort à l’amant ou à l’époux, mais son affection était fortement empreinte de l’orgueil qui lui avait fait avouer l’enfant comme le rejeton des La Ralphie. Jamais poupon ne fut plus choyé, paré, adulé, et même respecté, que ce petit être. Sa mère seule et la nourrice avaient licence de l’embrasser ; quant aux autres, nul ne pouvait que lui baiser la main. Il aurait répugné souverainement à Mlle  de La Ralphie de le voir l’objet des caresses familières des étrangers, de ses serviteurs, de ses métayers, et, surtout, de poser ses lèvres aristocratiques là où s’étaient posées celles du vulgaire. Elle tolérait les gros baisers de la Provençale, qui mangeait les joues de son nourrisson, mais non sans peine, et, pour elle, n’embrassait le petit qu’au front, pour éviter cette promiscuité de caresses.

On riait fort, à Fontagnac, de ces façons prin-