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un sabreur ? Cedant arma logæ Certes, Anatole de Coureau pouvait flatter l’amour-propre d’une femme dans quelque haute situation qu’elle fût placée… à fortiori celui d’une gentillâtresse qui avait fait un enfant d’une « bête épaulée », comme on dit, et il se souriait à lui même d’un air vainqueur.

Depuis son retour, Mlle de La Ralphie avait repris ses habitudes antérieures. Elle venait de temps en temps à Fontagnac pour quelque petite affaire, ou seulement pour se promener. Lorsqu’elle suivait à cheval la grande Traverse, ou qu’elle allait du côté de la promenade appelée du nom de cet intendant qui fit en son temps planter beaucoup d’ormeaux sur les places et arracher beaucoup de vignes sur les coteaux du Périgord, les boutiquiers notables sur leur porte, les bourgeois flâneurs qui la croisaient, les pêcheurs à la ligne sur le pont, ne manquaient pas de la saluer. De tous ces citadins qui lui donnaient entre eux les qualifications les plus injurieuses, aucun n’avait le courage de son opinion. Ils se sentaient tout remués, lorsqu’en passant elle les regardait de son œil bleu perçant comme une lame d’épée, et les chapeaux de formes diverses, les casquettes à oreillons ou autres, et même le bonnet de coton quelque peu jaune du vieux Girellou, oncle de M. Decoureau qui avait fait fortune en vendant de la chèvre pour du mouton et en marquant à la fourchette ; tous ces divers couvre-chefs se soulevaient sur son passage.

Ces apparitions de Mlle de La Ralphie à Fontagnac inspirèrent à Anatole un projet qu’il trouvait merveilleux. Après avoir préparé ses approches par des lettres, — anonymes, car on ne sait pas ce qui peut arriver, — et avoir épuisé sa rhétorique à exprimer ses sentiments brûlants à la châtelaine de Guersac, Anatole donc, en grande tenue : pantalon collant