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d’une branche arrachée à un fagot, entra dans la cuisine une fillette, grande déjà, brune, avec de beaux cheveux flottants et un air de précoce raison : c’était Mlle Valérie de La Ralphie.

— Hé ! bonjour, ma petite reine ! Comment allez-vous, ce matin ?

— Bien ! Merci, Monsieur Second. Oh ! non, ajouta-t-elle, comme il se baissait pour l’embrasser, votre barbe me piquerait !

Et, avec un geste plein de grâce et de fierté enfantines, elle lui donna sa main à baiser.

— Une autre fois, j’aurai soin de me raser avant de venir à Guersac, dit en riant M. Second.

À ce moment, les deux chiens se précipitèrent dehors en aboyant, et, bientôt après, rentrèrent à la suite de M. de La Ralphie qui s’évertuait à les écarter de la voix et du geste.

— Hé ! bonjour, Second, fit-il, voici longtemps qu’on ne t’avait vu ?

Mais la fillette s’était élancée vers son père qui la tenait embrassée, et, de son bras droit, éloignait d’elle son fusil.

— Oui, répondit M. Second en prenant l’arme qu’il mit au râtelier, au-dessus de la cheminée ; j’étais dans le Limousin.

— Et as-tu fait prise ce matin ? dit M. de La Ralphie après quelques menus propos.

— Farceur ! fit M. Second ; crois-tu que je prenne ton coup de fusil pour celui d’un braconnier de par ici ? Les bons canons de Saint-Étienne sonnent autrement que nos vieilles patraques… Tu l’as tué à la Croix-du-Sartre, n’est-ce pas ?

— Il n’y a pas moyen de te tromper, Bas-de-Cuir, dit M. de La Ralphie en riant ; voilà ta bête.