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l’énonça mythologiquement le capitaine Gillerac, la flèche du petit dieu Cupidon s’était émoussée sur la peau tannée de La Loutre, mais la coupe écumante de Bacchus eut raison de lui.

Il était temps, d’ailleurs, car son silence commençait à être considéré comme une calamité publique, et les plus exaltés le regardaient comme un traître à la patrie fontagnacoise.

Un dimanche, à la vesprée, pendant une innocente quadrette, un des partenaires du pêcheur et Batistou son beau-frère, firent un pari concerté dont l’enjeu était le souper. Les quatre compagnons burent sec à ce souper, et, après de larges rasades, on versa à La Loutre, qui avait déjà du vent dans les voiles, un mélange de vin rouge et de vin blanc qui lui fit entonner, peu après, une chanson patoise où il était question pêle-mêle de pintes et de filles. Dès lors, on le tenait : un copieux vin chaud et de nombreux brûlots l’achevèrent et il vida son sac. Mais à la vérité, il fallut lui tirer la chose par morceaux, comme avec un tire-bouchon.

« Voilà, c’était un matin, une grosse heure avant le jour. Il était en train de lever des cordes razis Guersac, quand, tout d’un coup, il s’en va voir un individu qui sortait par la porte du petit parc et remontait vers Fontagnac. Ce quelqu’un, dont il ne voyait pas bien la figure, car il faisait encore brun, il l’avait reconnu à l’habillement : pantalon large, comme ceux des compagnons charpentiers, veste serrée à la taille, bonnet à pompon sur la tête ; c’était l’ancien clerc de M. Boyssier, pardi ! Tout d’abord, il avait pensé que le galant venait pour la Martille qui avait le bruit d’être du bon coin ; mais, le lendemain, étant revenu au même endroit, par la curiosité, il l’avouait, il avait vu, hors de la petite porte,