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s’expliquait pas la conduite de la mère du petit Gérard. Franchement, il fallait avoir le diable au corps pour s’en faire conter par un sexagénaire. Lorsque la Martille lui rapporta ces propos, quoique Valérie ne fût pas disposée à la gaîté, elle ne put s’empêcher d’en rire un peu, et, le soir, à dîner, s’excusa près de M. de Lussac de l’avoir compromis.

Le vieux gentilhomme sourit et son œil brilla un instant, comme s’il regrettait un bonheur qu’il appréciait à sa haute valeur.

Mais ceux qui attribuaient l’enfant à M. de Lussac n’étaient pas en majorité. La plupart des Fontagnacois, les bourgeois surtout, concluaient à une intrigue vulgaire, à quelque caprice de Mlle  de La Ralphie pour un individu inavouable. Et, ce qui exaspérait les gens de Fontagnac, c’était cette ignorance qui empêchait les commentaires qu’on eût pu faire sur tel ou tel. À défaut de commentaires, on faisait donc des suppositions, souvent malveillantes, ou parfois même outrageantes. Il s’en faisait aussi de plus honnêtes. Ainsi, on avait remarqué que Mlle  de La Ralphie avait parlé à la Faurille quelques jours avant l’arrivée de Damase : que lui avait-elle dit ? La Faurille, qui avait oublié d’être bête, disait que la demoiselle lui avait tout bonnement demandé des nouvelles de son frère de lait ; mais les fortes têtes avaient des doutes. Le lendemain de son arrivée, les flâneurs et ceux qui pêchaient à la ligne du haut du pont, avaient bien vu Damase descendant le long de la rivière comme un promeneur désœuvré ; mais avait-il poussé jusqu’à Guersac ? Là était la question. Depuis, personne ne l’avait revu de ce côté. Dans la journée, il restait à la maison ou se promenait sur la route de Périgueux, et, le soir, prenait un mazagran au café de la Place, avec le maréchal des logis de