Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deviné plutôt sa maîtresse, et combien il était humilié de n’avoir été pour elle qu’ « un homme », et non pas « lui » ! Et il regrettait de n’être pas resté étendu mort, comme tant d’autres camarades, là-bas, entre deux touffes de palmiers nains. Ou plutôt pourquoi n’avait-il pas été mordu au Pas-du-Chevalier ! Il serait mort dans toute l’innocence de son amour, dans toute la pureté de ses sentiments.

À l’arrivée du bateau, signalé au Château-Neuf d’Oran, Damase trouva La Douceur, qui lui avait amené son cheval.

— Et tu t’es bien amusé, mon lieutenant ?

— Oui, mon vieux, je te l’assure.

Lorsque le commandeur rentra de sa promenade quotidienne, au moment du dîner, et qu’il vit deux couverts mis seulement, il fut surpris et interrogea Valérie du regard.

— Il est reparti, dit-elle tristement.

Il fallut bien expliquer ce brusque départ à M. de Lussac. Elle le fit sommairement, en sorte que, dans ses explications atténuées, il ne démêlait pas très bien la vérité.

— En somme, que voulait-il ?

— Il ne l’a pas dit positivement… mais il a déclaré très explicitement qu’il ne voulait pas d’une situation équivoque… Son amour et sa fière délicatesse lui rendaient inacceptable la situation d’amant intermittent et clandestin. D’autre part, dans l’intérêt de ma réputation et de son honneur, il ne voulait pas de celle d’amant avoué : dans les deux cas, son désintéressement pouvait être suspecté.

— Alors, il n’y avait plus que le mariage.

— Ou la rupture. Nos deux volontés devaient fatalement aboutir là ; car enfin, pouvais-je lui offrir de devenir Mme Vital ?