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toujours qu’entre Mlle de La Ralphie, dans son château du Périgord, et lui, en Afrique, séparés par la distance et la mer, une liaison durable ne pouvait exister ; que l’interruption de leurs relations pendant de longs laps de temps amènerait forcément une rupture définitive. Il voyait cela clairement, car il commençait à comprendre que chez Valérie l’amour était inséparable du plaisir et que l’absence de l’amant tuerait l’amour.

Cela le désolait, car il se voyait enfermé dans une situation sans issue honorable et digne, sauf une seule, à laquelle il ne pouvait même pas songer dans leurs situations respectives. Il ne lui restait plus qu’à choisir entre une clandestinité intermittente et inefficace et la situation, cyniquement avouée, d’amant d’une femme riche.

Mlle de La Ralphie ne pensait pas aux impossibilités de ces deux alternatives.

— Vois-tu, disait-elle un jour à Damase, il est possible d’arranger tout cela. J’irai là-bas te retrouver ; nous passerons l’hiver ensemble… Tu demanderas des congés… et puis, ne pourrais-tu demander à venir en France ?

— Ma bien chère, songe donc que tu ne peux entreprendre fréquemment un aussi long et fatigant voyage. Et puis, voyons, crois-tu qu’il soit digne de Mlle de La Ralphie d’être au vu et au su de toute une ville de garnison la maîtresse d’un officier ? Crois-tu que je souffrirais qu’on te confondît avec les malheureuses pour qui cette situation est un métier ? Non ! Je veux que celle que j’aime soit partout honorée et respectée !… Pour ce qui est de moi, j’ai aussi mon honneur à garder ; je ne puis laisser suspecter ma délicatesse et ma dignité en vivant avec une maîtresse riche… Tu me parles de venir en France ;