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de l’armée marocaine renforcée des contingents des tribus fidèles à l’émir. Dès le commencement de l’action, l’officier qui commandait le peloton auquel appartenait Damase fut blessé et mis hors de combat. Grâce à cette circonstance heureuse pour lui, le maréchal des logis Vital prit le commandement comme plus ancien sous-officier. La joie rayonnait sur sa figure hâlée, pendant qu’avec son mouchoir, étroitement serré, il assujettissait solidement son sabre à son poignet. Lorsque commença la fameuse charge qui culbuta l’armée marocaine, il était à dix pas en avant de ses hommes, le sabre haut, criant : « Chargez ! » Plusieurs fois, après avoir enfoncé les rangs ennemis, il revint sur ceux qui se reformaient, et, chaque fois, avec ses vaillants chasseurs, il sabrait et dispersait tout ce qui résistait.

— D’Hélier, dit le futur duc d’Isly à un de ses officiers d’ordonnance, quel est donc là-bas, sur la gauche, ce sous-officier de votre régiment qui charge si rudement avec son peloton ?…

Et tenez, ajouta-t-il en lui passant sa lunette, le voilà qui sabre un porte-drapeau…

— Monsieur le Maréchal, dit l’officier au bout d’un instant, c’est un compatriote, le maréchal des logis Vital, que vous avez décoré pour l’affaire de Sidi-Rached.

— Ah ! c’est un Périgourdin ! J’en suis bien aise ! fit le maréchal, souriant sous son grand képi légendaire.

Et il murmura ce vieil adage du pays des pierres :

Petra esto duris, cor amicis, hostibus ensis,
Hæc iria si fueris Petra-cor-ensis eris.

— Hé bien ! d’Hélier, vous pouvez lui dire ce soir, s’il n’est pas tué, que je le fais sous-lieutenant.

— Ce sera avec plaisir, Monsieur le Maréchal.