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gage, et rejetée de leur société. Quant aux roturiers, vous ne doutez pas, je pense, du plaisir qu’ils auront à dauber sur une fille noble : j’entends d’ici tous ces imbéciles bourgeois de Fontagnac brailler comme des chiens clabauds.

Oh ! je sais ce qu’ils valent tous, les uns et les autres, fit-il en réponse à un geste de Valérie ; mais il est toujours dangereux de se mettre en dehors des convenances généralement acceptées. Vous êtes jeune, maintenant, et l’amour comble tous les vides, mais il viendra un temps où vous regretterez peut-être de n’avoir pas conservé quelques partenaires dans le boston… Ce Beaumarchais, dont raffolait ma feue tante, a dit à la femme une chose bien profonde sous son apparence frivole : « Sois belle, si tu peux, sage si tu veux, mais sois considérée, il le faut ! ! »

— Mon cher commandeur, j’apprécie votre sollicitude, mais j’aime les situations nettes et franches. Deux solutions sont possibles ; celle que j’adopte et l’abandon complet, absolu, auquel je ne veux même pas penser. Quant à la combinaison bâtarde que vous préconisez, elle a l’inconvénient des demi-mesures : cet enfant ne m’appartiendrait plus, il me faudrait renoncer à l’élever à mon gré, à l’avoir près de moi, dans l’espoir plus qu’incertain de tromper des gens dont je n’ai nul souci. Je ne l’essaierai même pas, dès à présent, je me résigne à manquer de partenaires pour le boston.

Et voilà pourquoi, quelques jours après, le secrétaire de la mairie d’Hyères coucha sur son registre la naissance de Jean-Gérard du Jarry de La Ralphie, fils de Marie-Valérie du Jarry de La Ralphie et de père inconnu.

Depuis quelque temps, Valérie était sans nouvelles de son amant, mais elle ne s’en inquiétait point, pré-