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À Fontagnac, on ne trouva rien d’étonnant à cela. La phtisie était, avec l’usure, un des fléaux du pays, et il était tout naturel qu’une personne riche allât, à grands frais, demander la santé à un climat plus doux. Cette brusque invasion de la maladie ne surprenait personne. Combien n’avait-on pas vu de ces jeunes filles, d’une belle santé apparente, se flétrir tout à coup, languir, s’aliter, et, après de longs mois de souffrances, s’en aller au cimetière avec des couronnes blanches sur leur cercueil ! Justement, à ce moment même, la pauvre Liette, l’amie de pension de Valérie, se mourait lentement. Mlle  de La Ralphie fut la voir et la trouva bien faible, mais pleine d’illusions et ayant gardé son caractère aimant et bon.

— Ah ! si tu avais pu attendre un peu, dit-elle à Valérie, tu m’aurais emmenée, cela aurait achevé de me rétablir.

Le commandeur était allé à Périgueux louer une chaise de poste, et ils partirent, emmenant la Martille. À Sarlat, pendant qu’ils relayaient, le vicomte de Massaut vint les saluer, avec force excuses sur son indiscrétion. Le pauvre amoureux avait appris ce voyage, ainsi que la maladie qui le motivait et il en était navré. Cela était si visible sur sa physionomie que la franchise de Valérie répugnait à laisser ce galant homme dans l’erreur. Mais le commandeur s’en tint à assurer le vicomte, que selon toute apparence, la santé de Mlle  de La Ralphie n’était pas sérieusement atteinte, ce qui le consola un peu. Néanmoins, il prit congé, la tristesse dans les yeux, comme ceux qui aiment sans espoir, ce qui était son cas depuis la réponse catégorique que lui avait transmise M. de Lussac.

Ils voyageaient à petites journées, en gens que