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grément à Mlle de La Ralphie qui lui avait fait l’honneur de l’élever jusqu’à elle.

Valérie sourit :

— Ne le blâmez pas, commandeur ; c’est moi qui suis coupable.

Mais, s’il avait des principes assez faciles, quant au fond, M. de Lussac ne transigeait pas sur les convenances. Il déclara donc qu’il était de toute nécessité de sauver les apparences. On n’avait plus, il est vrai, les facilités grandes d’autrefois pour céler ces choses. Jadis, lorsqu’il s’agissait d’une famille noble, tout le monde s’y prêtait : les magistrats, les curés et les gens en place. Néanmoins, malgré les sottes exigences des lois jacobines, il pensait qu’au moyen d’un voyage suffisamment motivé, la chose pouvait se dissimuler.

Le docteur Bernadet, longuement entretenu par lui des symptômes inquiétants de la santé de Valérie, vint à Guersac et ne fit aucune difficulté pour reconnaître la maladie de poitrine que lui avait audacieusement signalée le commandeur et que les réponses de la malade prétendue confirmaient. Mais ce n’était pas tout ; il fallait maintenant l’amener tout doucement à prescrire un séjour dans le Midi. Or, le docteur Bernadet n’était pas de ces grands médecins des villes qui comprennent à demi-mot et envoient aux eaux les clientes impatientes de déserter, pour quelque temps, le toit conjugal. Aussi fit-il des objections : « C’était un long voyage ; la saison était encore rigoureuse ; cela pouvait fatiguer la malade, etc. » Pourtant, au bout de quelques jours, l’habileté de M. de Lussac eut raison de cette légère résistance, et, de par la Faculté, Mlle de La Ralphie dut aller demander au soleil de la Provence la guérison d’un mal causé, selon le docteur, par les brouillards matineux de la Vézère.