Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaissait trop ses préjugés de race, sa fierté nobiliaire, et il se souvenait trop lui-même de son origine humiliante, selon le monde, pour faire des suppositions chimériques encore que maintenant il pût entrevoir un honorable avenir… Alors, quoi ? Mais il repoussait comme injurieuse toute autre supposition. La « petite demoiselle » d’autrefois, Mlle de La Ralphie d’aujourd’hui, était placée trop haut dans sa pensée pour qu’il lui vînt à l’esprit de ces fatuités familières aux jeunes hommes. Il était loin de soupçonner le tempérament de Valérie ; aussi l’amour qu’il ressentait, certes complet et passionné, était respectueux en même temps et n’admettait pas que l’idole qu’il plaçait si haut dans le ciel de ses rêves pût descendre jusqu’à ces réalités dont la pensée l’enivrait et qu’il repoussait cependant. Oui, sans doute, elle s’était souvenue du Pas-du-Chevalier, elle estimait le soldat qui avait fait son devoir, elle voulait le féliciter, lui donner une marque de sympathie… et ce serait tout.

Damase fut distrait de ces pensées par l’arrivée du maréchal des logis et du vieux Tarrade. Cette députation venait le convier, pour le soir même, à un petit banquet que ses collègues, les légionnaires de Fontagnac, lui offraient à l’hôtellerie du Cheval Pie, en témoignage d’estime. Ce fut un dîner tout militaire. Il y avait là le capitaine Laugerie, le lieutenant en retraite Bassier ; M. Gillerac, ancien capitaine d’habillement ; Tarrade, le vieux sergent des grenadiers, et, enfin, le maréchal des logis qui n’était décoré qu’en expectative, mais qui, pour avoir déterminé la vocation de Damase, méritait bien d’être convié. Quant aux « pékins » décorés que possédait Fontagnac, ils avaient été exclus à l’unanimité. Est-ce qu’on avait besoin de cet ex-procureur du roi à figure