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humaine ». Ce Gérard tirait son origine d’un soldat de fortune, anobli par les armes et par la possession d’un petit fief, que lui avait donné comme récompense de longs services, Henri d’Albret, roi de Navarre et comte de Périgord, grand-père de Henri IV.

Lorsque le rusé Béarnais troqua sa foi contre le trône de France, Gérard du Jarry, retiré dans sa terre de La Ralphie, avait gardé à l’endroit de l’illustre renégat une attitude frondeuse assez commune parmi les anciens coreligionnaires et compagnons d’armes délaissés du roi gascon, témoin la Confession de Sancy, d’Agrippa d’Aubigné. Mais, plus tard, sous Louis XIV, les persécutions religieuses et les générosités calculées de l’intendant de Guyenne avaient eu raison de l’entêtement parpaillot de la famille qui s’était convertie en la personne de Jacques du Jarry, fait, à cette occasion, cornette de chevau-légers.

Les armes de cette famille étaient : d’argent au chêne de sinople arraché de gueules et englanté d’or ; armes parlantes, car chêne se dit : jarry, en patois périgourdin. Les du Jarry de La Ralphie ne portaient pas de titre, ainsi que beaucoup de maisons de la province qui ne sont ni les moins anciennes, ni les moins nobles, au sens particulier de ce mot.

M. de La Ralphie, l’ancien consul, était un gentilhomme de mœurs douces, de caractère facile, qui se liait aisément, et que quelques nobles du voisinage accusaient même de s’encanailler. En matière de religion, il était officiellement catholique par devoir de caste, invitant son curé, allant à la messe aux bonnes fêtes, mais ne poussant pas plus loin la pratique et n’ayant point de confesseur, non plus que tant d’illustres coryphées du catholicisme, présents et passés. Au cours de ses voyages et dans les différents postes