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fut possible de lui parler, son capitaine vint à l’hôpital, boitant encore et marchant avec une béquille :

— Mon cher Vital, lui dit-il doucement, le général vous a cité à l’ordre… et puis, voici une compresse qui vous fera du bien…

Et, disant cela, il tira de sa poche un bout de ruban rouge qu’il attacha à la veste du blessé, suspendue au chevet du lit.

— Mon capitaine, dit Damase d’une voix faible, je vous remercie. C’est à vous que je dois cela…

— Oui, mon cher ami, et moi je vous dois la vie… Mais, chut… Ne parlez plus, vous êtes encore faible… Dormez ; demain, je reviendrai.

Pendant les longues journées qu’il passa immobile dans son lit, la pensée de Damase s’envolait vers Guersac. Il songeait à Mlle de La Ralphie, et, quoiqu’il souffrit beaucoup encore, il se félicitait de ses blessures qui l’ennoblissaient et se réjouissait de cette croix, mobile de tant d’actions héroïques et infâmes, parce qu’il lui semblait qu’elle le rapprochait de celle qu’il aimait. Dans l’état de faiblesse où il était, ses rêveries flottaient mollement et lui présentaient Valérie comme une fiancée qui l’attendait. Mais, lorsque ayant repris des forces, il put se lever, son cerveau se raffermit et ses illusions se dissipèrent. Il revit en pensée Mlle de La Ralphie telle qu’elle était, fière, orgueilleuse de sa naissance, l’aimant peut-être secrètement, mais incapable d’oublier entièrement qu’il était l’ancien petit domestique de Guersac.

Peu après, Damase fut évacué sur Oran, d’où on l’envoya plus tard en convalescence à Amélie-les-Bains.

La nouvelle du fameux combat de Sidi-Rached,