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Au milieu de cette nature agreste, le calme, la paix, le silence semblent envelopper le petit castel solitaire, campé sur le gigantesque rocher creusé de boulins naturels, d’où s’échappent, avec de grands battements d’ailes, des volées de pigeons sauvages.

En 1835, époque à laquelle commence ce récit, le château de Guersac, avec les cinq métairies qui en dépendaient, appartenait à M. du Jarry de La Ralphie, ancien consul, démissionnaire en 1830, veuf d’une demoiselle de Xaintrac, dont était née une fille unique appelée Marie-Valérie, alors âgée de dix ans.

Les revenus de cette petite terre, joints à une rente sur l’État provenant du milliard des émigrés, allaient à une dizaine de mille francs qui en représentaient vingt d’aujourd’hui. C’était peu pour une famille noble, mais suffisant pour les goûts modestes de M. de La Ralphie qui avait adopté la vie du gentilhomme campagnard, dont la chasse et la pêche forment le fond, en y joignant quelques distractions d’un autre ordre, comme la lecture et la musique surtout, car il avait un assez joli talent sur le flûte. Quelques visites dans les châteaux voisins, un voyage annuel à Périgueux, à l’époque de la foire de la Saint-Mémoire, et des déplacements fréquents à Fontagnac, petite ville voisine où il avait une vieille maison servant de pied-à-terre, suffisaient, avec la surveillance de ses domaines, à remplir l’existence de l’ancien consul de France à Cadix.

Les du Jarry de La Ralphie étaient une ancienne famille huguenote dont la notoriété en Périgord remontait à Gérard du Jarry, un des plus vaillants compagnons du fameux capitaine de Vivans et de cet Armand de Caumont de Piles, la plus tranchante épée du protestantisme dont les faits d’armes, dit Mézeray, « surpassent la croyance et presque la vertu