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pleine d’un rayonnement intérieur qui se reflétait sur sa physionomie.

— Je vous remercie, commandeur, dit-elle gravement en lui tendant une main qu’il baisa. J’ignorais cela et je vous sais gré de me l’avoir appris. Maintenant, je m’explique cette miniature du roi que j’ai trouvée dans un vieux secrétaire… Voyez, son chiffre est sur le cadre.

— Une tradition de votre famille, très fondée, veut que ce portrait soit celui que peignait Latour, lors de l’anecdote rapportée par Chamfort, dit M. de Lussac.

Cette révélation accrut singulièrement l’orgueil nobiliaire de Mlle de La Ralphie. Certes, auparavant, elle était fière de sa naissance ; mais, maintenant, il lui semblait être autant au-dessus de la noblesse ordinaire, que cette noblesse elle-même était au-dessus du peuple. Elle était de la race des Bourbons ! Cette pensée, toujours présente à son esprit, lui faisait ressentir, d’une façon permanente, les jouissances de l’orgueil. Sans doute, sa filiation était illégitime, mais comme le lui avait dit M. de Lussac, autrefois la bâtardise ne comportait aucune défaveur : les bâtards des princes naissaient nobles, et ceux des rois, princes. Et elle évoquait le souvenir des bâtards célèbres de la maison de Bourbon qui en a tant ; le duc de Beaufort, le duc de Vendôme, Mlle de Blois, le comte de Toulouse… La noblesse véritable, après tout, ce n’était pas une convention sociale, comme la noblesse légale ; c’était une consanguinité, une filiation de race ; dès lors, qu’importait tout le reste ? C’était le fier sang d’Henri IV qui gonflait ses veines et faisait battre son cœur à coups rythmiques ; voilà la haute noblesse, celle dont elle était fière et qui la faisait délirer d’orgueil. Pour constater et consacrer