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relles, qui étaient élevées au couvent de la Présentation.

« Je vous dis ces choses tout uniment, ma chère enfant, parce que vous avez une raison au-dessus de votre âge et que, d’ailleurs, la ridicule pruderie bourgeoise n’est pas faite pour nous.

« Ces demoiselles donc et ces jeunes filles étaient richement dotées, comme il convenait à leur état ou à leur illustre origine, en sorte qu’elles étaient fort recherchées de la noblesse. Bertin, en bon Périgourdin qui n’oubliait pas sa province, en maria plusieurs à des gentilshommes peu fortunés de notre pays. C’est ainsi que les Caveyres, les Glenadel, les Tibal-Castagnère, les du Jarry de La Ralphie ont du sang royal de Bourbon dans les veines.

— Quoi ! s’écria Valérie, rouge de plaisir, dites-vous vrai, commandeur ?

— Oui, certes, ma chère enfant, il est temps que vous le sachiez. Votre grand-père Antoine de La Ralphie avait épousé une fille du roi Louis XV et d’une demoiselle irlandaise appelée O’Donny, mais dont les mémoires du temps estropièrent le nom en l’appelant Donnyse. Ma tante la chanoinesse, qui avait connu beaucoup votre grand’mère, m’a souvent dit qu’elle ressemblait étonnamment au roi son père, et je le crois facilement, car elle vous a transmis cette ressemblance. C’est à cette origine illustre, ma chère petite, ajouta-t-il en souriant, que vous devez ce menton gracieux, ces lèvres rouges, ces beaux yeux bleus, cet admirable nez à la Bourbon et cet air de fierté royale qui se voit dans toute votre personne.

Valérie se leva, regarda un portrait de Louis XV, accroché à la cheminée, puis elle alla devant une glace où elle se contempla un instant, sérieuse, mais