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Mais ce n’était pas tout ; on pouvait arriver à quelque chose. Lui, était sous-officier au bout de cinq ans de service, mais il avait fait la bêtise de prendre son congé après ses sept ans ; et pourquoi faire ? Pour se marier ! Quelle boulette ! Maintenant, il lui fallait torcher ses enfants de troupe !

La conclusion du maréchal des logis fut qu’à Fontagnac, Damase croupirait comme une tortue d’eau douce dans sa flaque, tandis qu’en s’engageant, étant jeune, bien planté, avec de l’entendement et sachant quelque chose, il arriverait vite sous-officier : après, au petit bonheur ! l’épaulette était là, pourvu qu’on ne se laissât pas raser par ces gueux d’Arbicos.

La verve soldatesque du maréchal des logis acheva de confirmer Damase dans son intention. Dès le lendemain, il alla au bureau de recrutement de Périgueux et s’engagea au 2e chasseurs d’Afrique. Revenu à Fontagnac, il mit dans sa maison et son petit bien sa sœur de lait, la Faurille, qui venait de se marier avec un garçon du Prieuré. Au reste, cette fraternité de lait se bornait à ceci qu’après avoir nourri la Faurille, bâtarde de l’hospice de Périgueux, la nourrice avait été chercher un second nourrisson pour tirer parti de son lait, et que ce second nourrisson avait été Damase, que ce lait un peu vieux n’avait pourtant pas empêché de croître et de devenir un robuste garçon.

Lorsque Mme  Boyssier sut que Damase allait partir, elle fut prise d’un violent désir de le revoir. Non pas qu’elle fut poussée par aucun dessein coupable, car depuis les quelques mois que Damase avait quitté sa maison, l’apaisement s’était fait en elle, la crise était passée, elle ne ressentait plus pour lui qu’une infinie tendresse de cœur.