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ont avancé son dernier moment et l’ont fait mourir désespéré, parce que M. Boyssier, de connivence avec ces gueux, m’a emmené au loin, sous un prétexte menteur…

Mme Boyssier jeta sur son mari un regard singulier et Damase poursuivit :

— Adieu, Madame ! Soyez bénie pour toutes vos bontés ! Je me souviendrai, jusqu’au dernier jour de ma vie, que vous avez eu pitié d’un pauvre enfant abandonné !…

Et, l’attendrissement le gagnant en songeant au passé, en voyant la douleur de Mme Boyssier, il prit son chapeau, jeté sur une table, et partit.

Le surlendemain, le clergé local constata bruyamment sa victoire en donnant toute la solennité possible à l’enterrement du vieux Caïus. Les curés du voisinage, invités par l’abbé Turnac, vinrent prendre part à la joie de leurs confrères qui avaient arraché cette âme à Satan, et aussi au copieux déjeuner qui suivit la cérémonie. Ce fut un service de première lasse, ou plutôt hors classe. Tout ce qui, de près ou de loin, touchait à l’église, les bonnes sœurs, les membres de l’archiconfrérie de Sainte-Philomène, les dames de Miséricorde, les confréries du Saint-Rosaire, tout ce monde était présent. Il y avait « la croix et la bannière » comme on dit, car la confrérie des Pénitents était là au grand complet, avec sa croix de bois et sa bannière grossièrement peinte. Et ce n’était pas un spectacle ordinaire que celui de ces hommes revêtus d’une longue chemise blanche, ceinturés d’une corde et masqués d’une cagoule percée de deux trous pour les yeux, qui semblaient des revenants du moyen âge. Ils marchaient sur deux rangs, un cierge à la main, et les gamins de Fontagnac se poussaient pour les voir et disaient :