Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les gredins ! ils ont pensé à tout.

Et, sortant de la maison, fou de colère, il s’en fut chez son patron.

Celui-ci était dans l’étude, attendant qu’on l’appelât pour le souper, lorsque Damase entra, les yeux enflammés, les narines gonflées, les poings crispés.

À l’attitude de M. Boyssier, il fut aussitôt convaincu de sa complicité.

— Savez-vous, lui dit-il, que vous êtes une fière canaille !

— Que dis-tu, polisson ? fit le notaire en sursautant.

— Je dis, reprit-il en s’avançant menaçant vers son patron, que vous vous êtes fait le complice des prêtres ; je dis que c’est vil, que c’est lâche et que vous êtes le dernier des hommes !

Blême de fureur, mais effrayé de la contenance de Damase, M. Boyssier reculait vers la porte de l’étude en criant :

— Sors ! mauvais drôle ! Je te chasse !

— Il n’est pas besoin de me chasser ! Croyez-vous que je vivrais une heure de plus sous votre toit ? Il me faudrait pour cela être aussi misérable que vous… Ne tremblez pas ainsi, je ne vous toucherai pas et je vais sortir de votre maison pour n’y plus rentrer.

Au bruit de l’altercation, Mme  Bovyssier et la servante étaient accourues.

— Qu’y a-t-il donc, Damase ?

— Madame, dit-il, la voix haletante d’émotion, le vieux Caïus, guetté depuis longtemps par les prêtres, m’avait chargé de le défendre d’eux, et j’avais une fois, déjà, empêché le vicaire d’arriver jusqu’à lui. Aujourd’hui, je l’ai laissé mourir, tourmenté par ce Turnac et les autres. Ils se sont moqués de ses refus, ils se sont réjouis de son agonie impuissante, ils