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au pied du lit, son chapelet dans les mains et ses mains dans ses larges manches.

Une demi-heure après, n’entendant plus la respiration du vieux Caïus, la sœur se leva et vit qu’il était mort. Aussitôt, elle mit un napperon sur la petite table, alluma un cierge et disposa, dans une assiette creuse, de l’eau bénite avec un brin de buis des Rameaux. Ensuite, aidée de la Bernotte, elle arrangea le mort sur son lit, lui croisa les bras sur la poitrine, et dans ses mains plaça un grand crucifix de cuivre. Tout cela avait été préparé d’avance et fut fait rapidement, en sorte que les premiers visiteurs informés du décès trouvèrent dressé cet appareil religieux. Les gens entraient, faisaient un signe de croix, jetaient quelques gouttes d’eau sur le corps et s’en retournaient étonnés, pour la plupart, de cette soudaine conversion. Quelques rares hommes d’âge, seulement, osèrent exprimer leur surprise, mais sans s’expliquer sur les moyens dont Dieu s’était servi, tant était grande la crainte des prêtres et des gens bien pensants dans cette ville où ils régnaient en maîtres.

Une heure après la mort de Latheulade, le juge de paix, prévenu, vint avec son greffier. Après avoir laissé prendre à la religieuse le linge nécessaire, il apposa les scellés sur la « lingère », où la Bernotte avait déjà farfouillé, puis sur le coffre et sur le tiroir de la petite table, et, ayant fait, se retira.

Il était six heures du soir lorsque Damase, très inquiet, revint avec son patron. Le prétendu testateur avait déclaré qu’il n’en était pas encore là, Dieu merci, d’où des explications assez embrouillées avec le fils, qui convint bien avoir parlé au notaire de certains arrangements de famille, mais comme consultation et sans rien arrêter. Damase remarqua