Page:Eugène Le Roy - Mademoiselle de la Ralphie, 1921.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celui-ci, épuisé par cette lutte, appelait, d’une voix sourde, à son secours : « Damase ! Damase ! » et que sa main, comme un tronçon de serpent coupé, se tordait sur le lit.

— Maintenant, mon fils, continua Turnac, admirez la bonté de Dieu qui a permis qu’un grand pécheur comme vous fût lavé dans les eaux de la pénitence avant de paraître devant lui ! Et admirez aussi la profondeur de ses desseins ! Il a voulu que cette paroisse, que vous avez tant contristée par vos crimes et vos sacrilèges, fût consolée par votre foi chrétienne. Il a voulu que les fidèles que vous avez tant scandalisés par vos impiétés et vos blasphèmes, fussent témoins de votre repentir et de votre réconciliation avec lui ! Ils sont là, en grand nombre, devant votre maison, priant pour vous, mon cher fils ; ils vont entrer, lorsque nous allons vous administrer le dernier sacrement, et ils seront édifiés par votre humble soumission à notre sainte mère l’Église et par l’abjuration solennelle que vous avez faite de vos abominables erreurs en demandant à mourir dans son sein !

Le vicaire savait où il frappait. À la pensée de cette apostasie menteuse et forcée des sentiments de toute sa vie, le vieux révolutionnaire poussa un rugissement étouffé, puis il ferma les yeux, et, la bouche ouverte, le rommeau de la mort dans la gorge, resta anéanti, tandis que sa main, dont se retirait la vie, s’agitait dans les dernières convulsions.

Turnac, vainqueur, le contempla un instant, radieux, satisfait, puis il alla ouvrir la porte et la foule des dévotes entra à la suite du jésuite, des sœurs et de l’abbé Dutour, qui portait l’huile des infirmes. Toutes ces femmes s’agenouillèrent dans la vaste chambre, et, pour la plupart, un chapelet à la main, se mirent à prier. De temps en temps, elles jetaient un