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Naguère, M. Duboisin faisait les délices de ces soirées intimes. Il en était le boute-en-train joyeux. Aussi était-il l’enfant gâté de toutes ces dames et demoiselles qui ne lui refusaient jamais rien à l’occasion : « le pauvre chéri !… »

Malheureusement, il n’était plus là, et mademoiselle de Caveyre eût bien voulu le remplacer par son successeur au bureau de l’enregistrement. Mais celui-ci paraissait farouche comme feu Hippolyte lui-même. Lorsqu’il venait à la poste apporter quelque paquet administratif, il se bornait à de courtes politesses, et refusait invariablement d’entrer, malgré les invitations aimablement significatives de la directrice.

— Tâchez donc de le décider ! avait-elle dit à M. Reversac.

Et celui-ci, avec un beau désintéressement, insinua, au cours de sa visite, que dans cette bourgade où, à moins de s’abrutir à la bête hombrée, on ne savait que faire de ses soirées, il y avait pourtant une petite réunion où l’on pouvait causer, le soir, et passer agréablement une heure ou deux…

— Je me couche de bonne heure, interrompit froidement M. Lefrancq.

Sur cette affirmation catégorique, M. Reversac exprima un regret, puis se leva et prit congé, en tendant la main au receveur. Au contact de cette main moite et visqueuse, celui-ci sentit s’accroître sa