Mademoiselle de Caveyre, seule parmi les femmes prenables d’Auberoque, avait résisté à ce don Juan en lunettes, non par vertu mais par répugnance.
— J’attends qu’il fleurisse pour me décider ! disait-elle quelquefois, en riant, faisant allusion aux boutons douteux de M. Reversac.
Lui ne gardait pas rancune de ceci à la directrice, et attendait patiemment la cessation des libéralités d’un vieux général, l’ancien protecteur de Dinah, passé à l’état de papa-gâteau ; — il disait : « gâteux ». —
« Nous verrons lorsqu’il ne sera plus là pour payer les notes ! » pensait-il.
Provisoirement, il avait des attentions pour mademoiselle de Caveyre, et c’était un des assidus des petites réunions qui se tenaient le soir dans le salon-boudoir de la poste. Là venaient, de temps en temps, Ninon la Polonaise, madame Barjac, jeune veuve de vingt-cinq ans, qui avait « levé » une petite boutique de modes ; une sage-femme un peu mûre, mais très élégante, appelée mademoiselle Zoé, et quelquefois, lorsque la directrice était seule, madame Grosjac, qui, plus fière que mademoiselle de Caveyre, ne frayait pas avec tout le monde.
En hommes, il venait, outre M. Reversac, un propriétaire aisé, M. Madaillac, qui s’était fait secrétaire de la mairie par ambition, pour mener la commune, et M. Desguilhem, l’huissier, tous deux céli-