Page:Eugène Le Roy - Les Gens d’Auberoque, 1907.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir… mais vous savez, ces promesses… il y en a tant qui demandent !…

Et, sur ce, M. Capgier se leva et prit humblement congé.

Le soir, M. Lefrancq parlait au pharmacien de cette misère râpée qui paraissait si triste et si résignée.

Celui-ci se mit à rire, quoique cela ne lui arrivât guère :

— Eh bien, monsieur Capgier vous en a joliment donné à garder ! Ce bonhomme pleurard est aussi riche que le notaire. Voilà le véritable avare ! Quoiqu’il vive seul avec sa femme, chez lui on « ferme le pain » ce qui signifie, ici, qu’on le met sous clef. Dans cette saison, le ménage vit de châtaignes ; et, pour faire le conte joli, on assure que monsieur Capgier tire les volets afin de manger, dans l’obscurité, les mauvaises comme les bonnes…

Le receveur eut un petit accès d’hilarité :

— Ma foi, il m’avait un peu bien empaumé !

— Monsieur Capgier, continua le pharmacien, n’a eu qu’un enfant, par économie, et il se plaint toujours de ce que lui coûte cet enfant, comme s’il regrettait de l’avoir procréé. De servante, il n’y en a pas dans la maison, non pas même de femme de ménage. C’est madame Capgier, une très digne femme, qui fait tout, les gros ouvrages comme les petits. Elle tient la maison, fait la cuisine, — il est vrai qu’elle n’est