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— Ah ! vous êtes propriétaire dans le pays : je vous en félicite.

— Oh ! il n’y a pas de quoi… C’est un tout petit bien sur lequel j’ai placé quelques sous d’économies… il fallait bien penser à l’avenir…

Et M. Capgier continua, tout doucettement, à se plaindre de son métier ingrat. Il arpentait, faisait l’architecte, mais à peine pouvait-il vivre avec sa maigre retraite de la Compagnie du Midi… surtout parce qu’il était obligé de faire de grandes dépenses pour son garçon…

— Il est âgé ?… demanda M. Lefrancq.

— Il va sur ses seize ans.

— Et il est au lycée ?

— Oui, à Périgueux, et c’est ce qui nous ruine.

— Mais n’avez-vous pas obtenu de bourse ?

— Une demi-bourse seulement… Aussi nous n’y tiendrons pas : il faudra revendre ce petit bien où nous avions rêvé de nous retirer un jour…

Il disait tout cela piteusement, d’un ton trainard, faisant des pauses, et soupirant comme un homme accablé par l’adversité.

Le receveur plaignait ce pauvre diable et s’efforçait de le réconforter :

— Mais vous pourriez peut-être obtenir une bourse entière… Cela allégerait vos charges.

— Notre député, monsieur Duffart, et son cousin, le conseiller général, m’ont bien promis de me la faire