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cela, en se léchant les doigts, car il n’y a rien de plus délicat.

— Et où les pêche-t-on ?

— Dans la Dordogne, du côté de Grolejac, de Vitrac, du Port-de-Domme, principalement. J’en ai souvent mangé à l’Hôtel de la Madeleine, à Sarlat.

À ce moment, la servante apporta deux pigeonneaux bardés, cuits dans leur jus.

— Quand je vous le disais !… fit le voyageur.

— Farceur de monsieur Lagardelle ! s’écria le commis de la régie ; vous aviez regardé dans la cocote !

— Jamais de la vie !

Après cela, des victuailles et des vins aux liqueurs la transition était facile. M. Lagardelle parla de la « Pétrocorienne », la fameuse liqueur lancée par la maison Pestillac et Gabareau, de Périgueux, pour laquelle il voyageait. Toutes les autres maisons de distillation avaient voulu avoir leur spécialité, comme les pharmaciens : et, en effet, la plupart ne vendaient que des drogues ! Elles avaient fabriqué, qui un apéritif, qui un tonique, qui un succédané de la « Trappistine » ou de la « Bénédictine ». C’était étonnant, ce qu’il avait surgi, depuis quelques années, d’ « amers », de « quinquinas », de « Pinolines », de « Junipérines », de « Vésonniennes » ! Mais, à l’entendre, Pestillac et Gabareau avaient enfoncé tous