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chose que la mécanique ! Il avait raison, cet ancien qui ne demandait qu’un point d’appui pour soulever le monde avec un levier… Oui, le point d’appui, tout est là ! Avec un point d’appui on pourrait diriger les ballons, voler en l’air comme un oiseau… à la condition que la résistance de ce point d’appui fût proportionnée à l’effort nécessaire… C’est là le problème…

» Pour moi, monsieur, poursuivit l’inventeur après une pause, je crois l’avoir résolu dans une certaine mesure… Il est vrai que je me borne à marcher modestement sur la terre… à raison de vingt-cinq kilomètres à l’heure.

— C’est quelque chose ! dit M. Lefrancq.

— Oui, c’est même beaucoup, reprit sans fausse modestie M. Desvars. Aussi je me demande comment je dois baptiser ma machine… Locomopède ? cela ne donne pas l’idée de la vitesse… Vélocepède serait mieux…

— En effet, dit M. Lefrancq, mais il existe déjà un engin à roues appelé vélocipède, sur lequel on se met à cheval et que l’on pousse avec les pieds.

— Mon invention est tout autre, fit avec un sourire un peu dédaigneux M. Desvars ; les pieds servent à actionner mon véhicule, mais ils ne touchent pas la terre.

Pendant que les deux hommes causaient ainsi, la jeune fille avait ressaisi son ouvrage et paraissait absorbée par les difficultés d’une reprise.