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— Monsieur Desvars vous donne beaucoup de besogne, alors ?

— Beaucoup, en effet. Lorsqu’il travaille à ses inventions, il ne prend guère de précautions ; et puis, comme il est un peu distrait, il s’accroche sûrement à un clou qu’un autre eût évité.

— Monsieur Farguette m’a dit que monsieur Desvars s’occupait de mécanique ?

— Oui, monsieur… En ce moment, il construit une machine avec laquelle on se transporterait sans fatigue, presque aussi vite qu’en chemin de fer… Mais le voici ! ajouta la jeune fille, en entendant un pas lourd dans la cuisine.

La porte s’ouvrit bientôt, et un homme de haute taille entra, tenant son chapeau de sa main pendante. Le front penché, méditatif, il s’avança vers la croisée sans voir le receveur ni sa fille :

— Michelette ! cette fois-ci, je tiens mon affaire !

— Mon père, voici monsieur le receveur qui est venu vous faire une visite.

— Ah ! monsieur, excusez-moi ! la préoccupation où j’étais m’a fait manquer à la civilité.

— Oh ! vous êtes tout excusé, monsieur. Quoique ignorant en mécanique comme celui qui n’en possède que les premiers éléments, je comprends très bien la tyrannie de l’idée qui accapare toute l’attention de l’inventeur.

— C’est vrai, dit M. Desvars. Ah ! c’est une belle