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« Oui ! se disait le receveur en s’en allant, je ne m’en dédis pas, c’est un fichu pays… »

Il regarda sa montre : « J’ai encore le temps de voir mon propriétaire ; c’est l’affaire de cinq minutes. »

Et, au lieu de rentrer chez lui, il alla frapper à la porte voisine.

Une jeune fille vint ouvrir et le fit entrer.

— Monsieur Desvars est-il visible, mademoiselle ?

— Mon père est sorti, monsieur, mais il ne tardera pas à rentrer : veuillez vous asseoir.

Le receveur prit la chaise que lui offrait mademoiselle Desvars et s’assit en jetant un coup d’œil sur l’appartement.

C’était une grande pièce d’autrefois, garnie de vieux meubles en assez mauvais état. Au milieu était une table barlongue à pieds tors, vermoulue, sur laquelle était posé un pichet de faïence contenant un bouquet de chrysanthèmes communs, du pays. Le plancher était usé, inégal, et les murs blanchis à la chaux, tout nus. Au fond, un large lit « à l’ange », avec un ciel et des rideaux de serge jaune. Du côté opposé, la vaste cheminée, avec ses coins-de-feu paillés, gardait un petit tas de cendres entre des landiers de fer. Une vieille « lingère » occupait le milieu d’un des côtés de la chambre, et élevait sa corniche presque jusqu’aux solives du plafond. Dans un coin, un de ces coffres anciens qui servaient à la