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font un tout bien homogène. Ils sont jaloux les uns des autres, égoïstes, intéressés, mauvaises langues, plats devant les puissants, rogues avec les pauvres diables. Les petits boutiquiers, les artisans, les journaliers qui, avec quelques médiocres propriétaires, font le reste de la population, sont réservés, timides même et n’osent dire ce qu’ils pensent. Chacun craint de perdre une pratique ou le travail qui donne le pain de chaque jour ; ceux-là sont excusables, car « le château », et quelques autres dans de moindres proportions, ont accaparé la terre, en sorte que beaucoup de pauvres gens sont à la merci de quelques-uns. Il n’y a pas ici d’esprit public, de souci pour les intérêts communs ; chacun se borne à rechercher son intérêt matériel propre. Quelle que soit la question qui s’agite, c’est à ce point de vue que chacun la considère : aussi sont-ils tous divisés entre eux. La seule chose qui les réunisse dans une même opinion, c’est une haine solide pour leurs concitoyens de la section de Charmiers, haine que ceux-ci leur rendent bien.

» Depuis longtemps, les maires, les conseillers, marquent leur passage aux affaires, non par des mesures utiles, par des créations nécessaires, mais par des concessions qu’ils se font réciproquement aux dépens de la commune, ou des empiètements du domaine public : communaux, chemins, etc. Et, en ceci, chaque administré les imite de son mieux.