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tions, de la considération dont il jouissait dans le monde officiel, de faire montre de son dévouement à S. M. l’Empereur et à son « auguste famille », comme il ne manquait jamais d’ajouter ; enfin il eût fait sentir son dédain pour les gens de rien, pour les pauvres diables qui, n’ayant ni emploi, ni finance, ni crédit, ne comptaient pas, selon lui. Il avait aussi cela de commun avec le notaire d’aimer l’argent, d’être prêt à faire beaucoup de vilaines choses pour l’argent, mais il y avait entre eux des nuances : M. Bourdal cachait sa fortune, M. Monturel l’étalait ; le premier était plus pingre, le second plus vaniteux.

Ce qu’il y avait de bon dans l’affaire de cette famille d’anglomanes forcenés, c’est qu’aucun d’eux ne savait l’anglais. M. Lefrancq, avec son seul bagage du collège, n’eut pas de peine à s’en assurer, au moyen de deux ou trois mots qui appelaient un assentiment et que personne n’eut l’air d’entendre.

Enfin, après quelques shake-hands solidement et mécaniquement ponctués, le receveur prit congé de ces grotesques, non sans avoir à peu près promis à miss Margaret d’assister à sa prochaine garden-party

Dans le monde des fonctionnaires, des employés, de tous ceux qui sont sujets à changer de résidence, on se donne réciproquement des renseignements