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comme sa mère, plate, maniérée, et habillée d’une façon ridicule.

Quant à John Monturel, c’était, pour l’époque et le pays, un joli spécimen du « petit crevé » genre anglais, avec son haut col carcan et son complet jaquette à grands carreaux, venant tout droit du grand magasin Old England, à Paris.

Toute la famille installée au salon, M. Lefrancq s’excusa poliment sur le retard apporté à sa visite. Il avoua franchement qu’il avait suivi un ordre… « topographique », s’il était permis de s’exprimer ainsi, et cela, afin de gagner du temps, ce qui lui avait assez mal réussi, d’ailleurs, puisqu’il n’avait pu venir la veille présenter ses hommages à l’honorable famille Monturel. Après cet aveu, il déclara sans ambages qu’à l’heure actuelle il se félicitait de son idée, qui avait eu le résultat de lui garder la plus agréable visite pour la dernière…

Tous, là-dessus, se récrièrent :

Aoh ! monsieur !… Very good ! vous êtes trop indulgent !

Et la conversation continua, coupée de mots anglais plus ou moins bien placés.

La froideur du premier accueil ainsi heureusement dissipée, miss Margaret confia sans détour à M. Lefrancq qu’elle adorait les jeux anglais, le crocket, le lawn-tennis ; quant à master John, il déclara