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calité, dépend beaucoup du temps qu’il fait à l’arrivée… Et depuis ?

— Ma foi, dit le receveur en souriant, je vous avoue que ma première impression ne s’est guère modifiée.

— Je comprends cela : l’aspect de cette bourgade n’est pas pour charmer les étrangers ; mais on s’y fait, ou plutôt on n’y prend plus garde… Lorsque votre prédécesseur, monsieur Duboisin, est arrivé ici, il a été pendant huit jours triste comme un bonnet de nuit sans coiffe. Et cependant il a fort regretté de partir…

À ce moment, la vieille madame de Caveyre agita ses belles boucles anglaises blanches et sortit en murmurant :

— Je crois qu’il y a quelqu’un au guichet.

— Il se peut, reprit M. Lefrancq, que l’on devienne indifférent aux choses extérieures matérielles, lorsque l’on a des relations agréables, des amitiés… C’était, sans doute, le cas de monsieur Duboisin ! ajouta-t-il, en pensant aux leçons de natation.

— Oh ! il n’allait guère chez personne, si ce n’est ici.

— Alors ses regrets s’expliquent, dit poliment M. Lefrancq.

La directrice sourit agréablement à son visiteur :

— Voulez-vous faire une cigarette ? dit-elle en découvrant le pot à tabac. Oh ! ne vous gênez pas,