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l’incommodité des offices. Il fallait aller à Charmiers, distant d’un quart de lieue : là étaient l’église paroissiale et le curé. Un vicaire venait bien, une fois la semaine et le dimanche, dire une messe basse dans une chapelle de tolérance ; mais cette messe se disait de bonne heure, de façon que les « dames » n’avaient pas le temps de faire leur toilette et de montrer leurs belles robes. C’était là surtout ce qui désolait la population féminine d’Auberoque ; mais, quant aux demoiselles Bourdal, c’étaient bien les secours spirituels qu’elles regrettaient de n’avoir pas sous la main. Pour y suppléer, en tant que faire se pouvait, elles avaient établi un petit oratoire dans leur maison. C’est là qu’elles faisaient leur prière, matin et soir, et qu’elles se rendaient, trois ou quatre fois le jour, pour dire leur chapelet brigitté. C’est encore là qu’elles faisaient le mois de Marie, celui de saint Joseph, celui de sainte Philomène ; là qu’elles récitaient les offices de la Semaine sainte devant un petit simulacre de tombeau ; là encore, qu’elles dressaient une crèche à la Noël.

— Ah ! disait l’une, du temps de monsieur le marquis d’Auberoque, c’était bien plus agréable : il y avait une messe tous les matins dans la chapelle du château, et monsieur le chapelain était toujours là en cas de nécessité !

M. Lefrancq compatissait de son mieux aux regrets de ces demoiselles, lorsque le notaire entra. C’était