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Foussac fit son entrée, poussée par la curiosité. Mais, juste à ce moment, le receveur prenait congé : il ne fit donc qu’échanger une inclination de tête avec la « dame » du greffier.

De là, M. Lefrancq fut conduit chez le notaire. M. Bourdal était dans son étude, lorsque la bonne fit entrer le receveur au salon. C’était une pièce triste et froide, aux meubles recouverts de housses grises à demeure, qui sentait « le renfermé » comme ces appartements qu’on ouvre rarement, et avait cet aspect banal des salons de campagne, où, trois ou quatre fois l’an, se rendent les gens de la maison pour recevoir une visite de dix minutes. La défunte madame Bourdal, lors de son mariage, il y avait trente ans de cela, avait choisi elle-même ces fauteuils de fabrication courante, dont le reps vert s’était usé sous les housses, ces gravures d’un goût déplorable, maintenant piquées de taches rousses dans leurs cadres ternis, et aussi cette affreuse garniture de cheminée en zinc doré, dont le sujet principal, au-dessus du cadran de la pendule, représentait le Tasse aux pieds d’Éléonore.

M. Lefrancq, debout au milieu du salon, regardait tout cela vaguement, lorsque parut une grande demoiselle de vingt-cinq à vingt-huit ans, noire et sèche, suivie de deux autres demoiselles du même âge, à deux ou trois ans près, sèches et noires. L’aînée pouvait être prise pour la plus jeune, et ré-