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intérêt. Aussi était-il légendaire à Auberoque, où, lorsqu’une nouvelle était annoncée comme venant de lui, chacun disait :

— Voire ! cela mérite confirmation !

Quant à madame Foussac, c’était une femme d’une belle taille et prestance, de ces personnes dont on dit : « Elle est bien conservée ». En fait, elle n’avait que trente-huit ans et, quoiqu’elle fût très honnête et irréprochable, passait, grâce aux calomnies féminines, pour n’être pas insensible aux flèches du petit dieu malin. Au surplus, malgré les énormes moustaches de pandour de son mari, dans le ménage, c’était elle qui « portait culottes », comme on dit à Auberoque et ailleurs, et, le soir, après neuf heures, lorsque M. Foussac s’attardait au jeu, elle l’envoyait querir par son gamin :

— Papa, maman te demande.

Et le pauvre greffier laissait ses cartes à quelqu’un et se hâtait de réintégrer le domicile conjugal.

Ce n’est pas à elle que M. Foussac en imposait avec ses histoires, ah ! non… Lorsque parfois, pour la taquiner, on la plaisantait sur les fanfaronnades amoureuses de son mari, elle faisait tranquillement :

— Il en faut beaucoup rabattre de ce que dit monsieur Foussac.

Oyant parler dans le bureau de son mari, madame