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La fin des vacances arriva trop tôt, comme toujours celle des bonnes choses.

La veille du départ, après souper, Farguette et Lefrancq s’attardèrent à causer en buvant un petit verre d’eau de coings. De temps en temps, Michelette plaçait un mot, une réflexion, tandis que les petits, un peu attristés, écoutaient en fermant les yeux à demi.

— Ces enfants, disait M. Farguette, comme ils nous poussent dans le royaume des taupes, où l’on mange le pissenlit par la racine ! Vos deux aînés sont déjà des jeunes gens, et ceux-ci sont de grands garçons. Les premiers sont en chemin de se tirer d’affaire ; mais que comptez-vous faire de Julien ici présent ?

— Il a envie de courir le monde et de chercher sa voie au loin. S’il persiste, nous l’embarquerons comme élève capitaine au long cours.

— C’est bien, mon ami ! Il ne faut pas s’acagnarder dans une boîte, comme j’ai eu le tort de faire. Et qu’en dit maman ? ajouta M. Farguette en regardant Michelette.

— Elle dit qu’elle aime ses enfants autant que mère les puisse aimer, mais qu’avant tout il faut qu’ils soient des hommes : à cent ou à mille lieues de ses jupes, elle les aura toujours devant ses yeux.

M. Farguette hocha la tête approbativement ;