de ménage tout enfariné semblait bon, et le poulet froid, et l’anchau piqué d’ail, et le millassou, et les noix vertes au dessert !
Et puis, quel plaisir de boire ce petit vin pétillant, rafraîchi dans la fontaine au fond de la vigne ! Tout le monde était gai ; les jeunes babillaient et ceux d’âge souriaient, heureux de la joie des enfants.
— Comme tous ces plaisirs simples et sans apprêt sont meilleurs que ces jeux étudiés et prétentieux dont se récréent les enfants des riches, dans des parcs bien peignés ! disait M. Lefrancq.
— Oui, répondait M. Farguette ; en fait de jeux comme en fait de travaux, plus on se rapproche de la nature, mieux on s’en trouve.
— Et les meilleurs amusements, ajoutait madame Lefrancq, sont ceux où, comme dans les vendanges, le travail se mêle au plaisir.
— C’est plein de sagesse, ce que vous dites là, Michelette !…
À la fin de la journée, lorsque les bouviers eurent chargé les dernières barriques sur deux charrettes, tous revinrent à Auberoque, un peu fatigués, surtout la petite Sylvie ; mais c’était de cette bienfaisante fatigue qui détend les nerfs et fait dormir les enfants comme des souches. La veillée fut courte, ce soir-là : après que la vendange fut versée dans la cuve, on soupa et puis chacun alla au dodo…