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— Vous en savez les motifs, mon cher ami, dit M. Lefrancq : moi empêché, puis un enfant malade, des raisons de service ou d’économie… enfin, toujours quelque diable à la traverse.

— La soupe est trempée, dit Michelette en revenant de la cuisine.

— Alors, à table !

De l’ancienne chambre attenant à la cuisine, M. Farguette avait fait une salle à manger, grande, aérée, avec une porte-fenêtre ouvrant sur le jardin. Autour d’une large table ronde, six couverts étaient disposés, et, au milieu, dans une vaste soupière que la servante venait de découvrir, fumait une excellente soupe aux choux et aux haricots, taillée avec du pain mêlé, seigle et froment.

La nappe et les serviettes étaient de bonne toile de ménage à grain d’orge : les assiettes, de faïence de Thiviers ; les cuillers et les fourchettes, de ruolz ; les gobelets, de verre ordinaire ; mais tout cela brillait de propreté : rien qu’à voir cette table, l’envie devait venir de s’y asseoir.

— Ah ! disait monsieur Farguette après avoir servi la soupe, combien je regrette que vos deux aînés ne soient pas là !

— Ce n’était pas possible cette année, avec leur voyage d’études à l’étranger, répondit M. Lefrancq, mais l’année prochaine, « hors de malheur », comme on dit ici, je vous promets que vous nous aurez tous.