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étonnements qu’il ait réussi… mais remontons.

Et les deux amis, avec les enfants, revinrent à Auberoque, en devisant de cet établissement du calvinisme à Charmiers.

— Oui, reprit M. Lefrancq, je suis étonné qu’une religion qui réduit le culte au minimum ait pu s’implanter dans un milieu campagnard et faire des prosélytes parmi les paysans, que touchent surtout les cérémonies extérieures.

— C’est que, voyez-vous, dit M. Farguette, les esprits peuvent être conquis par des moyens différents. Pour me servir d’une comparaison tirée de mon ancien état, les ministres protestants sont quelque chose comme les homéopathes du christianisme. Ils frappent l’imagination de leurs adeptes par une grande simplicité de costume et de cérémonial, par des temples austères, nus, froids, ainsi que font pour leurs pratiques les pharmaciens à globules et à dilutions infinies, avec leurs boutiques sévères où l’on ne voit rien.

» Au contraire, les prêtres catholiques éblouissent leurs fidèles au moyen de vêtements sacerdotaux dorés, de belles cérémonies dans des églises ornées d’images et de fleurs, et ils leur imposent, avec les lumières, l’encens, le latin et le reste, tout ainsi que font les apothicaires allopathes pour leurs clients, avec des récipients bien décorés, des étiquettes latines à lettres d’or, de grands bocaux