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— Avant de mourir, elle a vu son fils marié, mais hélas ! dans des conditions assez peu flatteuses pour « la première famille d’Auberoque… après le château » : il a épousé Ninon la Polonaise.

» Voilà, mon cher ami ! De tous les personnages marquants de votre temps, il ne reste plus guère à mentionner que monsieur Madaillac, toujours secrétaire de la mairie, toujours maire réel, et monsieur Capgier, devenu le plus riche du bourg depuis la mort de Monturel. Mais il n’en est pas plus fier pour cela, et porte toujours, aux bonnes fêtes, sa lévite vert pisseux et son grand chapeau poilu.

— Mais il doit être vieux comme Hérode ! fit M. Lefrancq.

— Oh ! il est de beaucoup le doyen du bourg ; il s’est conservé dans l’avarice comme un jambon dans le sel… Je vous ai annoncé jadis, continua M. Farguette, le mariage de votre ancienne amoureuse, « miss Margaret », avec un officier de marine en retraite, fortement endommagé dans sa coque ; mais ce que vous ne savez pas, sans doute, c’est qu’après quinze ans de mariage stérile, elle vient d’avoir une petite fille à la suite d’un pèlerinage à Rocamadour, où l’on touche le verrou du portail comme jadis à Brantôme.

M. Lefrancq se mit à rire :

— Pas possible !

— Si, mon cher… Et c’est toujours la même petite