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aux yeux des autres, car personne n’a pris au sérieux son titre de comtesse. Mais, malgré l’appui du curé Camirat, elle n’a pu. Toujours l’origine impure de sa fortune l’a fait honteusement écarter. C’est en vain qu’elle a fait de plates avances aux nobles et aux gens bien pensants ; qu’elle a été à la messe et à confesse à leur exemple : tout cela ne lui a servi de rien. Vers la fin, la poursuite d’une considération qui la fuyait, d’une estime qu’on lui refusait, était devenue chez elle une idée fixe, enfoncée dans son cerveau comme un coin rougi au feu et tellement obsédante qu’elle en est morte, tourmentée de la peur du diable comme un procureur qui rend l’âme. Ainsi a fini l’inventrice de cette affaire de la « Mer nouvelle de Tombouctou » qu’avant le Panama on appelait « la plus vaste escroquerie du siècle ».

» Pour son compère, l’ancien inspecteur du Palais-Bourbon, il a disparu depuis longtemps : on ne sait trop ce qu’il est devenu ; quelques-uns le croient au Chili.

» À l’égard de mademoiselle Duffart, sœur dudit, son rêve politique évanoui, elle a fait la sottise de s’amouracher d’un jeune aigrefin, joli garçon mais très mauvais sujet, qui la bat comme blé sur le sol, et a déjà, paraît-il, fort écorné les rentes que lui avait laissées le capitaine.

— Et cette bonne langue de madame Desguilhem ? demanda M. Lefrancq.