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s’étaient docilement soumis. Dans le personnel supérieur, on lui en voulait sourdement de n’avoir pas passé sous le joug des prêtres, de n’avoir pas « fait comme tout le monde ». L’hérédité d’une longue succession de siècles a tellement imprégné la nation française des haines et de l’esprit d’intolérance de l’Église romaine, que des esprits sceptiques, des voltairiens avérés, des hommes sans pratique aussi bien que sans foi, n’avaient pu se défendre, à l’endroit de cet incrédule logique, d’une antipathie qui allait jusqu’à l’injustice. Lui se souciait peu de cela : sans ambition, de goûts simples, il trouvait son bonheur en lui-même et dans les siens. Il avait cinq enfants de belle espérance : l’aîné était à l’École centrale, le cadet à l’Institut agronomique ; les deux garçons qui suivaient faisaient encore leurs études au lycée, et le dernier était une mignonne fillette de huit ans.

Le lendemain de son arrivée, levé de bonne heure, M. Lefrancq, accompagné de M. Farguette et de ses deux plus jeunes garçons, fit le tour d’Auberoque comme au matin de sa première venue. La bourgade était toujours sale et plus laide encore qu’autrefois. Parmi de nombreuses maisons sordides, délabrées, beaucoup étaient inhabitées et accusaient la décadence du triste chef-lieu de canton.

— Voilà, disait M. Farguette, le résultat de la coupable ineptie des anciens administrateurs, qui, pour complaire à la Chaboin, lui ont cédé les communaux, et,