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Aussi le clocher n’existait pas, la nef n’était pas terminée ; mais, pour satisfaire l’impatience des gens du bourg, le parachèvement fut remis à des temps financièrement meilleurs, et, d’après la décision du conseil municipal, M. Capgier fit poser une couverture de tuiles creuses sur l’édifice inachevé, et faire à l’intérieur un plafond en forme de voûte ; puis la consécration eut lieu.

Ce fut un grand jour pour Auberoque. La veille, comme lors de la pose de la première pierre, on avait planté le long du vieux chemin des rangées de pins coupés dans les bois de madame Chaboin ainsi que de coutume, — les plus petits toujours. — Ces pins, élément principal des fêtes du pays, étaient reliés jusqu’à l’église par des guirlandes de buis que la gent femelle du bourg avait confectionnées avec un zèle patriotiquement local. Les recoins ignobles avaient été masqués de branches de chêne, et, pour achever de donner un air de fête à la bourgade, autant que pour atténuer les odeurs infectes, le chemin et la rue étaient couverts d’une jonchée de buis, de laurier et de fenouil. À l’entrée du bourg, en avant de la vieille porte, une bande de calicot tendue entre deux grands mâts peints en mirlitons, portait en lettres de deux pieds, cette inscription, œuvre du frère Auxilien :

VIVE MONSEIGNEUR !

De drapeaux tricolores, peu, ces messieurs du clergé